Mariama Ndoye Mbengue
De Tanger à Port Elisabeth
De Gorée à Zanzibar
Je suis celle qui te couvait dans ses entrailles
Qui t’abreuvait de son lait
Te tenait la main sur le chemin de
l’école
Affrontant la poudreuse de Jendouba
La rocaille de Praia
La broussaille de Mwanza (1).
Je suis l’olivier, le baobab,
le néflier
Sous lesquels tu épongeais ta sueur.
Maintenant que tu es grand et fort
Préserve-moi de l’ignorance, de la misère, de la maladie.
Que je revête une djellaba, un sari, une camisole ou un kaba
Que je t’appelle « nijaay », « fofovi »,
« ngoro », ou « tah » (2),
Qu’importe !
Vois en moi l’hostie consacrée qui te
nourrit
L’hydromel qui t’enivre
Le Graal vers lequel tu t’élances chaque
matin
Je suis la femme-Afrique.